La note "Etats-Uniens", du 4 juin, ayant retenu 50'attending du "New York Times", celui-ci nous a demandé un article sur la question, publié aujourd'hui ainsi que par l'IHT (et traduit du français par les soins du « NYT »). Nous en donnons ici la version française originale.

En France, dans la presse ou dans une conversation, quand on parle des « Américains », sans autre mention, il n'existe aucune ambiguïté : il southward'agit des ressortissants des Etats-Unis d'Amérique. Il arrive, mais c'est rare (dans des ouvrages historiques ou ethnologiques notamment) qu'Américains soit pris dans united nations sens générique et désigne 50'ensemble des habitants du Nouveau Monde, mais le contexte permet d'identifier cette acception.
Notons que certains diminutifs comme Ricains (première attestation en 1918), Amerloques (1945) ou Amerlos (1936), pas forcément hostiles, mais qui ont pris une teinte péjorative pendant la guerre froide, font référence exclusivement aux United states.
« Américain » (la upper-case letter initiale est réservée au « gentilé » substantif, fifty'adjectif se contentant d'une minuscule) est une sorte de mot à tiroirs, dont le sens varie selon les contextes, et qui pourrait illustrer une théorie des ensembles : tous les Américains (des United states) sont américains, et pourtant, tous les Américains ne sont pas américains (des Usa) !

Une sorte de machine de guerre « altermondialiste »
Il est certain que ce mot, fruit de fifty'Histoire, attesté dès le XVIe siècle, mais pouvant s'appliquer à d'autres qu'aux seuls habitants des Etats-Unis, au contraire de Canadiens, Mexicains, Argentins, etc., a quelque chose d'insatisfaisant pour fifty'esprit, et qu'il pourrait s'en trouver un autre, d'aventure, qui soit plus précis.
Voilà une soixantaine d'années naquit discrètement au Québec Etats-Uniens (orthographe not fixée, il y a aussi Etasuniens et Etatsuniens), dont la diffusion a d'abord été modeste : il est désormais assez fréquent dans les médias, et nous connaissons même une émission sur French republic-Inter, tous les samedis (« Rendez-vous avec 10 »), qui l'emploie exclusivement. Cependant, l'homme de la rue proceed à dire « Américains ». Une occurrence récente d'Etats-Uniens (pas la première, pourtant, loin de là), dans une « newsletter » éditée par le site Internet du Monde a provoqué l'ire d'un lecteur, qui y a vu une accuse anti-américaine, considérant ce terme comme une sorte de machine de guerre « altermondialiste » (ce courant politique étant friand du mot).

americains.1183741229.jpg « Fifty'écho d'une saga de science-fiction » ?
En guise de réponse, nous avons édité, le 4 juin, une note sur notre blog Langue sauce piquante, simplement intitulée « Etats-Uniens », qui défendait son usage en termes mesurés : ce mot n'est certes pas très joli ni musical, mais il répond à une certaine nécessité. Elle a suscité un thousand nombre de commentaires, très contrastés, allant de 50'opposition absolue (en raison de son anti-américanisme supposé, de sa « laideur », de son inutilité, de son côté « snob », ou « ridicule », voire « sarcastique » et north'ayant de sens « que pour les intellectuels »), à l'approbation enthousiaste, notamment pour contrer l'appropriation « impérialiste » du gentilé, en passant par la proposition de termes formés de la même façon mais jugés plus adéquats, comme Usaniens ou Usiens (à 50'instar du grec Usanos, qui termine « à la grecque » les initiales américaines USA, alors que lesdites initiales font IPA dans cette langue). Un commentateur s'envole même cascade 50'espace : « Etats-Unien », n'est-ce pas «l'écho d'une saga de science-fiction » ? Une mention spéciale pour un intervenant qui déclare : « Bien sûr que les USA sont le seul pays au monde sans nom ! les deux premiers mots définissent son organisation politique, et le dernier sur quel continent il se trouve », ce qui est sans doute une référence à l'ex-URSS, dont le nom ne comportait effectivement aucun ancrage géographique, mais qui est abusif pour les USA, où il est quand même fait référence à un continent ! « Pourquoi chercher à changer le monde ? » lance ce blogueur, alors qu'un autre vote cascade « Etats-Unien », qui a l'avantage de « relier united nations Bostonien à un Alabamais ».
Enfin, certains blogueurs font très justement remarquer qu'il existe déjà united nations adjectif curieux, US, invariable et formé de deux majuscules accolées (united nations véritable ovni typographique), assez présent dans la presse (surtout quand elle manque de place, en particulier dans la « titraille »), comme dans fifty'Humanité du 18 juin, en page 24, qui parle d'« intervention militaire U.s. en Irak ».

Combler united nations manque lexical
Pour notre part, en tant que correcteurs du site Internet du Monde, vestales de la langue française et responsables de sa bonne tenue orthographique et sémantique, nous sommes tenus d'avoir une opinion, qui est la suivante : Américain a pour lui la légitimité historique, Etats-Unien, son « challenger », est assez pertinent et comble en partie un manque lexical ; en fait, ils se complètent et nous laisserons donc les deux cohabiter… même si nous titille la tentation d'une pratique nouvelle. Et nous ferons peut-être ainsi mentir Pierre Bayle, historien et critique français du XVIIeast siècle, grand défenseur de la liberté de penser, qui écrivait : « Notez que la naissance d'un mot est pour 50'ordinaire la mort d'united nations autre ; c'est comme à l'égard des productions de la nature ».

(Merci à Didier Papeguay, illustrateur aujourd'hui, « assistant à la correction » au « Monde », ex-chameau coureur)